GOURBI PALACE

GOURBI PALACE



Un bel émir gay du Qatar
Est entré dans le hall d’accueil
Comme il se faisait déjà tard
Il a dormi dans un fauteuil

Devant le miroir vénitien
Une comtesse très maquillée
S’est mise à parler à ses seins
Leur disant « Faut vous rhabiller »

Sur la table de baccara
Il y avait tant de poussière
Que Philomène et Barbara
Éternuaient comme des plumassières

L’homme aux clés d’or est arrivé
Il a frappé fort dans ses mains
Il semblait un peu énervé
Il avait perdu son chemin

Près du piano, la chahbanou
Criait à qui voulait l’entendre
« On a volé tous mes bijoux
Il ne me reste plus qu’à me pendre ! »

On a ouvert le carrousel
Sorti les bouteilles de champagne
Offert des cornes de gazelle
Et des fleurs de la haute montagne

La Tebaldi, la Malibran
Coincées dans leurs cadres de stuc
Fuyaient le regard de Bertrand
Du roi d’Espagne et du Grand duc

Il pleuvait dans certaines chambres
Mais où étaient les parapluies
Perdus quelque part en novembre
Lors de la course de minuit

Puis la grosse horloge a sonné
Il y a eu un grand silence
Tout s’est figé pour des années
Adieu Monaco et Byzance

Émir du Qatar, chahbanou
Fleurs de la montagne et comtesse
On se donne tous rendez-vous
Dans vingt ans ici ou en Perse

Au revoir Barbara, Philomène
La Malibran, l’homme aux clés d’or
Et tous les fantômes que j’emmène
Dans mes cartons, dans mes décors

Un jour peut-être comme moi
Vous aurez du temps dans l’espace
Pour vous installer une bonne fois
Vous aussi au Gourbi Palace.

Paroles : Brindille – Musique : Jean-Pierre Stora